Un temps habitué à un rythme de renouvellement tous les deux ans, le fabricant japonais cède finalement petit à petit aux sirènes du marché. Un an seulement après le lancement de la gamme 2016, JVC présentait il y a quelques semaines sa nouvelle fournée 2017 de vidéoprojecteurs Home cinéma. Une évolution réellement justifiée ? Voici le test du JVC DLA-X5900.
Sans surprise, en matière de spécifications la nouvelle gamme de projecteurs DILA s’inscrit dans la continuité des modèles 2016. Le fabricant clame l’introduction d’une nouvelle itération de la technologie de wobulation 4K e-Shift, le support du format HDR Hybrid-Log Gamma (HLG) et un nouveau mode faible latence pour une utilisation gaming.
L’occasion pour JVC de maintenir la pression sur son concurrent direct, pour autant, les propriétaires de la génération précédente ont-ils réellement intérêt à évoluer ? La question se pose, mais laissons parler les résultats.
Je tiens à remercier Futureland pour le prêt du projecteur DLA-X5900. J’adresse également mes remerciements à Sylvain Bartoli, calibreur professionnel certifié ISF Level II et THX Level II pour la société Vidéo HC Concept Calibration.
Présentation du JVC DLA-X5900 :
Pour aller directement droit au but, le JVC DLA-X5900 est davantage une évolution « software » que hardware du DLA-X5500 qui le précède. Le design tout comme le choix des composants demeurent inchangés.
En matière de design, le châssis est strictement identique aux générations précédentes, et comme toujours proposé en coloris noir ou blanc mat. Cela n’enlève évidemment rien au caractère très sobre et élégant du X5900. En matière d’encombrement et de poids, nous restons donc sur la même base, le projecteur affiche des dimensions de 455 x 179 x 472 mm pour un poids de 15,4 kg.
Sur l’arrière, nous retrouvons l’habituel panneau de commandes avec des touches dédiées à l’accès et à la navigation dans les menus, tandis que le panneau connectique propose 2 entrées HDMI 2.0b avec support HDCP 2.2 pour raccorder un lecteur Ultra HD Blu-ray, un lecteur multimédia ou une console de jeu 4K, sans oublier la compatibilité avec les signaux 4K/60 Hz, HDR, Deep Color, 3D, etc. Pour le reste de la connectique, mentionnons la présence d’une sortie 3D Sync, une sortie à déclenchement Trigger 12V, une prise LAN et un port RS-232C.
Du coté des spécifications, en dehors du e-Shift 5, le DLA-X5900 intègre sans surprise une lampe NSH 265 W comme ses deux prédécesseurs. La durée de vie de la lampe reste inchangée, le fabricant annonce une durée de vie de 4500 heures en mode lampe bas et 3000 heures en mode lampe haut. Les coûts de maintenance s’élèvent à 499 € pour une nouvelle lampe.
Pour la partie installation, là non plus aucun changement n’est à noter. Le X5900 est équipé d’un lens-shift motorisé, le mécanisme permet de déplacer la lentille de 80 % sur l’axe vertical et 34 % sur l’axe horizontal. L’ensemble est complété par un zoom x2 et un focus motorisés. Nous retrouvons également les traditionnelles – mais toujours très pratiques – mires pour régler l’optique du projecteur, et plu. Seule déception, toujours pas de cache-objectif motorisé comme certains concurrents, mais un simple capuchon en plastique.
Télécommande et accessoires
Le JVC DLA X5900 est livré avec une télécommande rétroéclairée. De bonne facture, elle offre une prise en main est confortable, tandis que l’on trouve l’essentiel des boutons nécessaires au pilotage du projecteur afin d’accéder aux menus et réglages (sources HDMI, modes Image, profil couleur, gamma, MPC, mémoires d’objectif, etc.).
Les lunettes 3D et l’émetteur PK-EM2 RF sont uniquement disponibles en option.
Menus et réglages du JVC DLA-X5900 :
Outre les fondamentaux (luminosité, contraste, teinte…), JVC propose une palette complète de réglages. À commencer par 6 modes de couleurs (Cinéma, Animation, Naturel, HDR, 3D) auxquels il faut rajouter 5 modes User personnalisables.
Plusieurs modes de température couleur préréglés de 5500K à 9500K sont également proposés, ainsi qu’un réglage de l’échelle de blanc avec 3 mémoires de réglages. Place ensuite aux réglages de colorimétrie avec un CMS ajustable sur 6 axes, et pour terminer 9 modes gamma préréglées (normal, A, B, C, HLG, HDR), parmi lesquelles 3 modes User sont configurables en manuel sur 12 points.
En complément, côté traitement vidéo nous retrouvons le célèbre mécanisme MPC permettant d’ajuster les réglages netteté et réduction du bruit, sans oublier le système d’interpolation d’image Clear Motion Drive (CMD) et le choix entre les 4 formats d’image 3D (auto, séquentielle, côte à côte, haut et bas). Le reste des menus ne comporte pas de changements majeurs, on retrouve les mémoires d’objectif et une correction de l’alignement des pixels par palier de 1.
Calibration et mesures JVC DLA-X5900 :
En sortie de carton, le mode Naturel du DLA-X5900 nous laisse quelque peu sur notre faim. On relève tout particulièrement une échelle de gris très perfectible – et à fortiori la température de couleur – , pour ne pas dire décevante avec un DeltaE nettement supérieur à 3. Le gamma affiche pour sa part une moyenne de 2.19 là ou nous recherchons une valeur cible de 2.4 pour projeter en salle dédiée. Seul le DeltaE couleur demeure acceptable avec une moyenne de 3.69.
La luminosité est relevée à 14 ftL (42,5 cd/m²) sur une base d’image de 3m avec une toile transonore. La perte lumineuse engendrée par ce type de revêtement est à considérer, sur une toile standard ou technique de même diagonale, le projecteur atteindra sans aucun problème les 15 à 16 ftL.
Après calibration, les résultats en mode Naturel sont nettement plus conformes à la norme Rec.709. L’échelle de gris est ajustée à une superbe de moyenne de 0.68, pour une température couleur de 6489K (valeur référence 6500K). La courbe de luminance est parfaite, tandis que la moyenne gamma atteint la référence 2.4, difficile d’en demander plus. Le DeltaE couleur redescend quant à lui à 0.8 de moyenne, les saturations à 100 % atteignent enfin les valeurs cibles.
En mode HDR, JVC semble avoir changé son fusil d’épaule. Là où les précédentes générations avaient tendance à se situer par défaut au plus proche de la norme de gamma EOTF, ce qui avait également pour effet direct d’atténuer la lisibilité sur certaines scènes sombres, le fabricant change son fusil d’épaule. Comme on peut le voir la courbe EOTF ci-dessous, la luminosité des premières IRE est rehaussée, venant ainsi répondre aux demandes d’une partie des utilisateurs.
On noter enfin l’excellente couverture des espaces couleurs étendus, le X5900 atteint 99 % du DCI-P3, et près de 77 % du Rec.2020.
JVC DLA-X5900 : Analyse qualité image HD et 4K HDR
Dans la même veine que son prédécesseur, le JVC DLA-X5900 délivre une image de haut vol, rendant pleinement justice aux pressages HD et 4K de qualité. Sur les récentes éditions Ultra HD Blu-ray de Ghost in the Shell et Les Gardiens de la Galaxie 2, le vidéoprojecteur impressionne toujours autant par cette capacité à délivrer un excellent compromis entre une image superbement contrastée, la tenue des niveaux de noirs est à ce titre toujours l’une des plus probantes du circuit, tout en maintenant une luminosité des plus correctes.
Nous sommes évidemment encore loin de l’Epson EH-TW9300 sur ce point, en particulier sur les sources HDR, cependant JVC conserve à son avantage un rapport de contraste incomparable pour un projecteur à lampe. La résultante directe est une image qui allie une précision d’ensemble assez remarquable sur les plans serrés, tout en délivrant un relief et une profondeur d’image savoureuse.
À ce titre, la nouvelle itération du mécanisme de wobulation JVC a subi quelques améliorations, et le résultat est particulièrement appréciable. En comparaison du eShift 4 que j’avais pu prendre en main il y a deux ans sur le X7000, cette nouvelle version gagne agréablement en maturité. Là où la version précédente de l’algorithme avait encore parfois tendance à durcir plus que nécessaire certaines textures, l’eShift 5 se montre nettement plus progressif.
Il contribue d’un côté à accentuer la précision des textures et à rehausser le niveau de détail, avec pour résultat une image à la définition au cordeau, aussi bien sur les sources HD que 4K, mais en conservant une image au caractère très naturel. Attention à ne pas pousser trop loin le réglage de netteté pour éviter l’apparition d’artefacts et les remontrées de bruit vidéo.
Contraste et uniformité
Dans le domaine des projecteurs à lampe, JVC reste incontestablement un exemple en matière de tenue des noirs. Une règle à laquelle ne déroge pas le X5900, qui propose sans nul doute une des plus belles images en matière contraste à moins de 4000 €, si ce n’est tout simplement la meilleure.
La profondeur des noirs et le niveau de contraste atteint sont toujours aussi impressionnants pour un projecteur à lampe, notamment grâce à l’efficacité de l’iris manuel. De légères stries sont visibles sur certains textes blancs sur fond noir (cf : logo Oppo), le phénomène n’est cependant pas visible en dehors de ce type d’image.
Une qualité tout aussi valable en mode HDR. Bien que la puissance lumineuse du projecteur reste en deçà de certains concurrents iris ouvert au maximum, je pense en particulier aux Epson EH-TW7300 et TW9300, le X5900 offre d’un autre côté un meilleur équilibre entre luminosité et contraste sur ce type d’images.
C’est particulièrement notable sur certains films, à l’instar des nombreuses scènes de nuit de la très belle édition Ultra HD Blu-ray de Jupiter Ascending. L’écart entre les zones lumineuses et sombres de l’image participe à donner beaucoup de relief aux images HDR.
Fluidité
En matière de fluidité, le Clear Motion Drive associé au mécanisme d’amélioration des mouvements délivre de très bons résultats. Les meilleurs résultats sont obtenus dans les modes de réglages Bas et NTSC/24p, avec une excellente fluidité dans les travellings. C’est par exemple le cas sur le long travelling circulaire de la scène d’introduction de l’édition Blu-ray du film RED, avec l’absence de judder 24p.
Le mode Haut est par contre à oublier, à moins d’être un amateur de l’effet caméscope, l’amélioration de la fluidité et de la précision dans les mouvements se fait ici au détriment du naturel de l’image. Seule exception , les programmes sportifs ou des traînées sont encore décelables sur certains mouvements rapides.
Input lag :
Talon d’Achille des projecteurs de la marque, JVC introduit sur cette nouvelle génération un mode Faible Latence. Les résultats dépassent allègrement les attentes.
Là où le X5000 était mesuré à 131 ms, un vrai handicap pour les amateurs de jeux vidéo sur de grandes diagonales, le JVC DLA-X5900 atteint 42 ms avec e-shift 4K actif, et 38 ms en mode 2K, soit un retard plus qu’acceptable d’environ 2 à 2,5 images par seconde. Bravo JVC !
Niveau de bruit :
Comme ses prédécesseurs, le X5900 est un projecteur extrêmement discret en mode lampe Bas avec un niveau de bruit mesuré à 28 dB. En mode lampe Haut le ventilateur se fait en revanche un peu plus présent avec 33 dB.
Conclusion : faut-il acheter le JVC DLA-X5900
Sans représenter un bouleversement vis-à-vis des générations précédentes, JVC fait évoluer progressivement mais sûrement la gamme D-ILA. En marge d’un superbe contraste intra-image − une référence dans cette gamme de prix −, les quelques évolutions apportées cette année au DLA-X5900 se montrent particulièrement pertinentes. Une belle cuvée 2017.
On retiendra principalement l’efficacité de la nouvelle version du mécanisme de wobulation 4K e-Shift, une meilleure lisibilité des noirs dans les scènes sombres en mode HDR, et un input lag considérablement amélioré pour les amateurs de gaming.
Seul faux-pas, les réglages en sortie de carton sont étonnamment perfectibles pour un projecteur de cette catégorie. On attendait bien mieux.