Après une première génération encourageante, mais perfectible, nous vous proposons aujourd’hui un banc d’essai du lecteur audio réseau Node 2 de Bluesound.
Rapidement devenue une marque incontournable sur le marché des solutions audio réseau, la filiale de NAD lançait dans le courant 2016 sa seconde génération de produits. Une gamme qui est aujourd’hui décomposée en deux familles de produits, les enceintes actives sans fil ainsi que la récente barre son Pulse Soundbar, et les électroniques Hi-Fi avec l’amplificateur réseau Powernode 2, le serveur audio Vault 2, et le lecteur réseau audio Node 2.
L’ensemble de la gamme est architecturé autour de l’interface BluOS, sur laquelle nous reviendrons plus longuement, et l’application mobile idoine pour piloter son système depuis un smartphone ou une tablette.
Présentation du Node 2 :
L’esthétique du Node 2 est particulièrement soignée, l’appareil est relativement élégant, certes moins que certains concurrents avec un boîtier métallique, il n’en reste pas moins infiniment plus discret et passe-partout, voire même atypique avec ce revêtement en caoutchouc qui recouvre une majeure partie du boîtier.
Les quatre touches sensitives qui prennent place sur le dessus du boîtier pour piloter la lecture, mais qui serviront aussi à mettre l’appareil en veille par un appui long sur la touche lecture/pause. Les voyants LED s’illuminent de couleur différente en fonction du statut du boîtier : vert (association et MAJ firmware), bleu (bon fonctionnement) et rouge (problème de connexion). L’intensité des voyants est réglable depuis l’application.
La qualité de fabrication est assez sérieuse dans son ensemble, rien d’exceptionnel en somme, mais les plastiques sont solides et aucune partie ne semble sujette à risque.
La connectique :
Le panneau connectique offre l’essentiel, et même un peu plus, avec une sortie casque au format jack 3.5mm en façade, tandis que le panneau arrière offre une belle flexibilité pour brancher ses appareils. On retrouve donc une sortie audio analogique RCA, une sortie audio numérique optique et coaxiale, une entrée hybride audio optique Toslink/analogique, et chose relativement rare, une pre-out subwoofer pour raccorder un caisson de grave. Un détail particulièrement appréciable pour les utilisateurs d’enceintes actives, ou plus simplement un amplificateur stéréo dépourvu de sortie subwoofer.
La liste est complétée par un port USB-A, une sortie Trigger 12V, une entrée IR pour rajouter une rallonge infrarouge si l’appareil est installé dans un meuble fermé, un port mini-USB Service, et enfin une prise Ethernet Gigabit. Les connectivités sont standards, l’appareil intègre un module Wi-Fi 802.11n et le Bluetooth aptX.
Les accessoires :
Livré dans un packaging particulièrement soigné, le Node 2 est fourni avec un deux prises secteur (EU/US), un câble audio analogique RCA, un câble Ethernet et un adaptateur Toslink/mini jack 3.5 mm. Aucune télécommande n’est fournie, un choix justifié par l’absence d’écran et les touches de commandes sur l’appareil, les télécommandes universelles sont en revanche supportées.
Interface BluOS : un exemple à suivre
Le Node 2 fait partie de cette génération de produits qui s’appuient exclusivement sur leur interface mobile et le second écran pour piloter sa musique à distance depuis un smartphone ou tablette.
Il est vrai que l’absence d’écran peut représenter un frein pour une certaine partie du public, mais il est aussi et surtout vrai que les nouveaux usages et le streaming font partie intégrante de notre quotidien. Ils contribuent à moderniser la Hi-Fi et rendre accessible au plus grand nombre la musique sans fil, par le biais d’appareils mobiles que nous sommes tous amenés aujourd’hui à manipuler. C’est d’ailleurs pour cette raison que la qualité de l’interface mobile, et bien sûr sa facilité d’utilisation, sont des critères au moins aussi importants que les qualités intrinsèques de l’appareil lui-même.
Partant de ce point, force est de constater que l’interface BluOS est un exemple en la matière. La mise en place du système se fait très simplement, moins de 5 minutes montre en main suffisent à intégrer le Node 2 au réseau Wi-Fi local. Pour cela, il suffit de se connecter au réseau Wi-Fi Node 2 une fois l’appareil sous tension, aller dans l’onglet Paramètres de l’application BluOS, sélectionner « Lecteur » puis WiFi, et rentrer manuellement sa clé WEP/WPA. Il ne nous reste désormais plus qu’à indexer notre bibliothèque musicale.
L’indexation se fait très simplement là encore, il suffit d’indiquer à l’application ou se situent vos contenus pour qu’ils soient automatiquement indexés : clé USB, disque dur externe USB, mémoire interne d’un ou plusieurs smartphones et tablettes, en revanche, tout comme chez Sonos, les protocoles uPnP/DLNA et AirPlay ne sont pas supportés. Ce qui ne signifie pour autant pas que l’appareil n’est pas en mesure d’accéder aux contenus stockés sur PC Windows, Linux et Mac OS X, puisque le fabricant utilise simplement le protocole NFS.
Si ce n’est pas déjà fait, il faudra donc activer en amont la fonction de partage des dossiers dans lesquels votre musique est stockée, revenir sur l’application et suivre les étapes suivantes : Configuration lecteur > Configurer partage réseau > Rechercher partage réseau > Sélectionner les dossiers partagés souhaités > Entrer votre identifiant et mot de passe > Valider partage.
Une fois la configuration terminée, les fichiers sont indexés et classés, avec la possibilité de trier sa bibliothèque par albums, artistes, compositeurs, date de sortie, date d’import, dossiers, genres, morceaux, nouveaux morceaux importés et playlists. Un choix très confortable, dommage toutefois que BluOS ne propose pas de tri par échantillonnage et format à l’image de Lightning DS chez Auralic.
En mode lecture, l’application affiche diverses informations, les pochettes et les informations de pistes, mais également des informations techniques (format d’encodage, taux d’échantillonnage, résolution, nombre de canaux), la possibilité de définir un morceau en favori, et un accès à Last.fm pour obtenir davantage d’informations sur l’album.
L’application propose tout naturellement l’accès aux radios Internet par l’intermédiaire des API TuneIn Radio, iHeart Radio, Calm Radio et Radio Paradise avec classement des stations par pays/genre/qualité, mais également à de nombreux services de musique en streaming : Classics Online, Deezer, HDTracks, HighResAudio, Juke, KK Box, Microsoft Groove, Murfie, Qobuz, Tidal, Slacker Radio, Spotify. Difficile de faire beaucoup plus, seuls Amazon Music et Apple Music manquent à l’appel.
Prise en charge audio USB et réseau : l’essentiel et même un peu plus
Le Node 2 offre un très bon niveau de prise en charge, le streamer décode une large majorité de formats audio compressés et non compressés en USB et réseau : MP3, AAC, OGG, WMA, WMA Lossless, OPUS, FLAC, ALAC, WAV et AIFF. La fonction Gapless, pour la lecture des morceaux sans blanc entre les pistes, est fonctionnelle aussi bien en USB qu’en réseau NFS. Il est également à noter la prise en charge du format MQA développé par Meridian, déjà à l’origine du MLP sur lequel Dolby s’appuie aujourd’hui Dolby pour le True HD et Atmos.
Les échantillonnages 44.1, 48, 88.2, 96, 176.4 et 192 kHz en résolutions 16 et 24 bits sont parfaitement gérés, le lecteur fait en revanche l’impasse sur les formats MLP, APE, DXD (352 kHz) et DSD. Le FLAC et WAV ne sont pas non plus gérés en multicanal.
La stabilité du flux audio en Wi-Fi est relativement bonne, mieux vaudra cependant considérer la connexion en Ethernet, voire en CPL si votre box est installé dans une autre pièce afin d’éviter des coupures intempestives et d’éventuelles interférences avec d’autres appareils. Il est d’ailleurs étonnant que Bluesound n’ait pas fait le choix d’un module Wi-Fi double bande…
La prise en charge des clés USB et disques durs externes formatés en FAT16/32 et NTFS est à sougliner, un détail toujours très appréciable, là ou la plupart des solutions traditionnelles font encore l’impasse sur les supports de stockage dépassant les 4 Go. Les docks HDD sont aussi supportés.
Enfin, n’oublions pas la composante multiroom, l’écosystème Bluesound permet d’installer jusqu’à 16 lecteurs ou appareils BluOS dans un environnement Wi-Fi contrôlé, et jusqu’à 64 appareils en liaison filaire Ethernet.
Écoutes et mesures du Bluesound Node 2 :
Avec le streamer NODE 2, Bluesound choisit l’approche pragmatique. Toutefois, contrairement à certaines solutions concurrentes, tout particulièrement le Auralic Aries Mini, l’image sonore offre une belle transparence des timbres, sans pour autant être analytique, c’est même plutôt le contraire.
Un caractère plus docile donc, qui transparaît notamment sur Omaramor For Cello, ou le NODE 2 se montre vif et très tonique lors de l’attaque sur la note de la contrebasse d’Alisa Weilerstein, mais la reproduction est surtout empreinte d’une légère douceur sur le haut-médium et la plage aigue.
Une teinte particulièrement notable sur le couple Quantum 1009S et A-S2100 utilisés lors de ce banc d’essai, c’est évidemment moins le cas sur des enceintes plus charmeuses comme les Opticon 8, ou le streamer va surtout faire parler d’autres de ses qualités, comme sa très belle capacité d’analyse, en particulier un niveau de détails très appuyé, une profondeur d’écoute marquée qui donne notamment beaucoup de matière aux instruments à cordes, et une belle qualité des timbres de voix.
Certains chercheront probablement à aller un peu plus loin en lui associant un DAC dédié, notamment pour compenser une ouverture sur la scène peu marquée, en l’état du moins, le NODE 2 délivre un très bon niveau de prestation, bien plus d’ailleurs que la première génération qui à titre très personnel, ne m’avait pas pleinement convaincu.
Attention par contre à ne surtout pas activer le réglage de tonalité proposé par l’application, plus qu’inutile ce dernier active un DSP qui altère considérablement la qualité sonore. Les fonctions ReplayGain/AlbumGain/TrackGain et SmartGain sont en revanche appréciables sur les formats lossy, les radios web et services de musique en streaming en qualité MP3.
Mesures du circuit audio analogique :
Réponse en fréquence :
La courbe de réponse en fréquence est conforme aux résultats attendus, avec un tracé rectiligne, mais une douceur notable sur le haut du spectre, qui se traduit par une chute de la courbe à partir de 9 kHz.
Niveau de bruit :
Les résultats sont excellents, et d’ailleurs relativement identiques à ceux du Auralic Aries Mini ou du Arcam irDAC-II, le signe d’une optimisation réussie du circuit analogique.
Gamme dynamique :
Dans le sillon du niveau de bruit, la gamme dynamique, qui traduit l’écart entre sons à forte et faible amplitude, et par extension la capacité à délivrer un son détaillé, est particulièrement bon dans le cas présent avec un relevé à 112 dB en pondéré.
Distorsion harmonique (THD) :
La distorsion harmonique vient nous indiquer une éventuelle altération du signal. Au moins le signal est retouché, au plus le THD est elevé, en revanche si la pente du signal est modifiée cette valeur augmente.
C’est le cas ici, la douceur évoquée à plusieurs reprises est notable sur la courbe, comme le montrent les pics visibles à partir de 5 kHz, ce qui explique un THD relativement moyen de 0,003% là ou par exemple un Teac UD-503 atteint 0,0006% et le Aries Mini 0,0003%, et un THD + bruit de 85 dB en pondéré.
Distorsion d’intermodulation :
Même explication qu’au-dessus, la signature du NODE 2 influe sur le signal, ce que se traduit par une augmentation de la distorsion d’intermodulation.
Diaphonie :
Les limites du NODE 2 en matière de spatialisation sont ici nettement visibles avec 93 dB à 1 kHz et 74 dB à 10 kHz. Pour les plus exigants, qui souhaitent une ouverture plus marquée, l’investissement dans un DAC dédié est à considérer.
Conclusion : faut-il acheter le BlueSound Node 2 ?
Le Bluesound NODE 2 associe une interface mobile exemplaire, un large éventail de fonctionnalités et une musicalité convaincante. Plus qu’une énième solution abordable, le NODE 2 vient répondre très justement aux attentes d’un public de plus en plus aguerri aux nouveaux usages, à une époque ou la notion de partage prend tout son sens. Un des lecteurs audio réseau les plus doués et conviviaux de sa génération.
Certaines petites limitations sont à considérer, en particulier l’absence de support des serveurs DLNA/uPnP et AirPlay au seul profit du NFS, un faux-problème pour les utilisateurs de NAS, mais le choix pourra paraître de prime abord un peu rebutant pour les non-initiés. On mentionnera enfin une prise en charge du format DSD aux abonnés absents, et une spatialisation limitée, qui pourra nécessiter un DAC dédié en fonction des exigences de chacun.
Ces quelques petites déconvenues ne ternissent pas pour autant les qualités intrinsèques d’un lecteur audio réseau particulièrement performant, convivial et plaisant à utiliser au quotidien.
2 commentaires
Excellent test, merci! 🙂
je suis en cours d’achat de ce streamer et ça m’a bien aidé dans mon choix.
Presque parfait (musicalité, fonctionnalités, rapport qualité/prix) mais tare rédhibitoire pour moi : dès qu’on le passe en mode veille, ou lorsqu’on lui coupe le courant, il doit réindexer toute la bibliothèque musicale (sur disque dur connecté en USB dans mon cas), ce qui génère un temps d’attente très long avant de pouvoir s’en servir.